Suite à sa nomination par décret du Président de la République française le 14 juillet dernier, Jacques Perot, conservateur général (h) du patrimoine, membre correspondant de l’Institut de France au titre de l’Académie des sciences morales et politiques, 1er vice-président de l’association Claude Guyot, arnétois d’adoption a reçu récemment les insignes de commandeur de l’ordre de la Légion d’honneur des mains du général d’armée François Lecointre, 34ème grand chancelier de la Légion d’honneur.
Cette émouvante cérémonie s’est déroulée en présence de nombreuses personnalités dont Bernard Stirn, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques, Renaud Denoix de Saint Marc, ancien vice-président du Conseil d’Etat, ancien membre du Conseil Constitutionnel, de nombreux conservateurs, historiens de l’art et représentants d’institutions muséales, patrimoniales et culturelles.
Un grand merci à Jacques Perot d’avoir salué dans son discours la mémoire de Claude Guyot comme une figure inspirante, en rappelant qu’il fut un grand élu de la République, un résistant bourguignon incontournable en sa qualité de président du Comité départemental de Libération de la Côte d’Or et qu’il fut un professeur engagé au service de la transmission du savoir auprès des jeunes de son temps. A noter que l’association Claude Guyot était largement représentée lors de cette cérémonie au travers de la présence de son président, Hadrien Lacoste, Estelle Danton-Maublant, 2ème vice-présidente, Maître Ernest-Yufeng Yan, secrétaire général et Marie-Alix Cherchillez, trésorière.
Une reconnaissance de la Nation largement méritée comme l’a souligné le président de l’association Claude Guyot lors de la dernière assemblée générale de l’association.
Quelques repères historiques sur l’ordre de la Légion d’honneur
La Légion d’honneur naît le 19 mai 1802 par la volonté du Premier consul, Napoléon Bonaparte, dans un contexte hostile. Après de longues discussions au Conseil d’Etat, elle est adoptée par 56 voix contre 38 au Tribunat et 166 voix contre 110 au Corps législatif.
La nouvelle institution s’inscrit dans le vaste programme de réorganisation de l’Etat, au même titre que le code civil, le Conseil d’Etat, la Cour des comptes, le corps préfectoral ou les grandes écoles.
Bonaparte est conscient de la nécessité de rétablir un système complet de récompenses, inspiré des anciens ordres honorifiques balayés par la Révolution, mais respectueux de l’égalité entre les citoyens.
Visionnaire, Bonaparte poursuit trois objectifs :
- Réconcilier les Français épuisés par dix ans d’instabilité politique et de conflits militaires.
- Fédérer autour d’un idéal commun : l’honneur individuel et l’honneur national
- Unir le courage des militaires aux talents des civils, comme le symbole fort d’un Etat puissant et unifié.
Ce qu’annonce la création de la Légion d’honneur est majeur : pas de privilèges, ni d’exemptions, ni de rétributions, mais la reconnaissance du seul mérite individuel acquis et non transmis.
Dès les premières promotions, Napoléon décore, selon ses propres mots, à la fois « ses soldats et ses savants ». Les maréchaux d’empire (Berthier, Soult, Ney, Murat, Lannes…) et les vétérans des campagnes révolutionnaires côtoient ainsi des personnalités civiles : hauts fonctionnaires, magistrats (Brillat-Savarin), médecins (Corvisart), industriels (Oberkampf, Delessert), scientifiques (Cuvier, Monge, Montgolfier), mais aussi artistes (David, Gros, Gérard, Houdon), architectes (Fontaine et Peyre), musiciens ou écrivains.
Jusqu’au Second Empire, les militaires représentent environ 75% des effectifs même si l’ordre s’ouvre peu à peu à d’autres univers, notamment, sous la Monarchie de Juillet, à l’artisanat, la petite industrie et au négoce de quartier.
Sous Napoléon III, la Légion d’honneur reflète encore plus fidèlement la société française et toutes les activités du pays y sont désormais représentées traduisant en particulier l’essor de l’industrie et le développement des œuvres sociales.
Au tournant du XXème siècle, les Français légionnaires sont un peu moins de 45.000. Tout change lors de la Première Guerre mondiale. Par les sacrifices et les actes de courage innombrables qu’elle génère, la guerre de 1914-1918 impose une modification des critères d’attribution de la Légion d’honneur et une augmentation des effectifs.
Cette augmentation des effectifs se renforcera à chaque nouveau conflit, Seconde Guerre mondiale, Indochine et Algérie. En 1962, l’ordre comprend 320.000 membres.
C’est pour mettre fin à cette inflation qui porte atteinte au prestige de la Légion d’honneur que le général de Gaulle entame en 1962 une grande réforme du système des décorations nationales. Pour la Légion d’honneur, il édicte un code, synthèse des législations précédentes, et fixe un nombre maximum de décorés vivants (125.000 personnes).
La Légion d’honneur poursuit son adaptation aux évolutions de la société. En 2007 sont prises différentes mesures : application d’une stricte parité hommes-femmes dans les promotions civiles, création d’une promotion du bénévolat associatif et lancement de la procédure d’initiative citoyenne, qui autorise un particulier à solliciter l’admission dans l’ordre d’un de ses concitoyens méritants.
En 2017, la réforme des ordres nationaux réaffirme les principes d’universalité et de mérite de la Légion d’honneur et impose une réduction du nombre d’attributions.